L’ESG à l’épreuve du cas Orpea
Peut-on avoir une confiance aveugle dans les produits estampillés ESG ou ISR ? Les révélations faites dans le dossier Orpea laissent comprendre que l’analyse extra-financière est encore très perfectible. Ce dont ont bien conscience la plupart des gérants et sociétés de gestion qui voient dans cet « incident de parcours», un catalyseur susceptible d’améliorer les process. L’Europe a bien conscience du problème qui travaille à la standardisation des reportings ESG. Interview de Pierre-Louis Périn dans Gestion de Fortune.
Les mauvaises surprises découvertes dans le cadre du dossier Orpea ne sont pas une première. Plusieurs entreprises ont déjà été prises en flagrant délit de mensonge passé. Comme Volkswagen dans le cadre du « dieselgate ». Ces révélations viennent à chaque fois remettre en question la sincérité des entreprises sur leur politique responsable et environnementale et surtout l’efficacité des agences de notation dans leur travail de filtrage des bonnes pratiques.
Comment analysez-vous le cas Orpea ?
C’est un accident industriel qui n’est pas reluisant, les clients ont perdu 3,5 milliards d’euros dans l’affaire. Cela dépasse l’ISR. Et ce, d’autant plus que le titre était suivi par de nombreux
analystes, qui se disent aujourd’hui choqués. Les signaux était nombreux (livres, reportages, rapports parlementaires…). Cela démontre bien que l’accumulation d’analyses extra-financières ne suffit pas. Certains passages ou oublis des rapports financiers auraient dû interpeller sur les risques du business de l’entreprise.
Ce cas va-t-il servir d’électrochoc ?
Ce qui est symptomatique dans ce dossier Orpea, c’est qu’il ne s’agit pas seulement d’un problème sociétal. C’est un problème financier. Au regard du rapport annuel de la société, il était évident que sa structure financière était fragile. Toute augmentation des effectifs (au-delà de 0,6 salarié par patient) l’aurait mis en pertes. Cette seule fragilité aurait dû éveiller les
craintes des analystes. (…)
“Dès 2018, le travail d’engagement de certains gérants révélait un manque d’informations sur Orpea.”
Ce que l’on oublie, dans tout cela, c’est le client. Car lorsqu’il découvre qu’il a en portefeuille des valeurs finalement peu vertueuses en matière environnementale et/ou sociétale, il est déjà trop tard.